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Des exemples. Voilà plus que jamais ce que nous devons être. Des exemples !

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La statue du Pasquino, à Rome

« Puisque nous n’avons pas su les conduire à la victoire, sachons au moins les aider dans la défaite. (…) – Oui ça … faut reconnaître que côté victoire on n’a pas été … – Non. Des exemples. Voilà plus que jamais ce que nous devons être. Des exemples. » Les afficionados auront reconnu une phrase culte du film “On a retrouvé la 7ème compagnie”. Certes, vous vous dites que ce n’est pas très sérieux de citer ce genre de film. Pourtant, si vous le regardez, vous verrez que ce dialogue prend place alors que les “héros” sont déguisés en gradés et reçoivent des pommes de terre à manger. De l’autre côté de la grille, des hommes du rang leur demandent alors de partager leurs patates, et face à leur refus, un jeune lieutenant se dévoue et leur fait cette leçon !

Si je pense à cette réplique et à cet épisode, c’est face à la navrante semaine que nous avons vécue au niveau de la politique française. Commençons par le début : la victoire de Laurent Lopez, le candidat du Front National, à Brignoles. Dès les journaux télés de dimanche soir, la valse des raisons de cette élection a commencé. Pour les militants de gauche, c’est la faute à la droitisation de l’UMP, tandis que pour les militants de droite, c’est bien à cause de la manière de gouverner de la gauche que le FN a gagné. Excusez-moi, mais j’ai un peu l’impression d’être dans une cour de récré : « c’est pas ma faute madame, c’est lui qui a commençé » ! Oui, ce n’est jamais la faute d’un parti si il perd une élection, mais toujours celle des autres. Côté remise en question, côté réalisme, on a vu mieux. En voyant cette incapacité à tirer le bilan d’un échec, à toujours remettre la faute sur un autre, on comprend que les personnes politiques finissent par se décrédibiliser, autant si ce n’est plus que par leurs actes.

S’il n’y avait que ça… Mais la semaine a tout aussi mal continué. Point de caquètement dans l’hémicycle cette semaine, c’est déjà ça, mais la mini-saga Morano. Nadine Morano qui déclare vouloir porter plainte car un humoriste, Guy Bedos, l’a insultée lors d’un spectacle. J’avoue ne pas goûter du tout l’humour (enfin, les textes et saillies) dudit “humoriste”. Et avoir même une aversion assez profonde pour ses expressions idiomatiques dont Nadine Morano a fait les frais. Mais de là à vouloir porter plainte contre lui pour un spectacle dont elle n’était certainement pas la seule victime… Les pamphlets et autres contestations politiques par les humoristes font, depuis longtemps, partie du paysage social. Je me souviens des billets affichés sur la statue du Pasquino à Rome. Le nier nous ferait entrer dans une démocratie qui perdrait un peu de sa liberté. Mais bon, que voulez-vous, il faut exister et faire parler de soi…

Mais le pompon, cette semaine, a été décroché haut la main par la controverse sur l’expulsion de la jeune Léonarda. Je vous avoue ne pas avoir suivi toute l’histoire, tant cela m’a exaspéré. Quand on commence à gouverner sur des cas particuliers, on perd le sens général et on joue sur l’émotion, plus que sur la loi, sur l’intérêt de la société. Je ne dis pas qu’il était juste de renvoyer cette jeune fille et sa famille hors de France, mais se focaliser sur la manière de procéder, aussi brutale soit-elle (et elle n’a pas dû l’être tant que ça à voir les conclusions de l’enquête), c’est dévier du sujet général de l’immigration et de l’accueil que l’on fait à ceux qui veulent venir en France. C’est prendre le problème par le petit bout de la lorgnette, et ce n’est pas digne du monde politique. La gauche de la gauche demande dès lors la démission du ministre. Ici, même si l’indignation peut-être légitime, on est en pleine émotion, car la loi a été respectée. Que des élus demandent le non-respect de la loi, c’est juste… fou ! Qu’ils se mobilisent pour changer cette loi serait bien plus productif ! Quant à la solution prônée par le président de la république de laisser la jeune fille revenir en France, sans ses parents, n’en parlons pas… Mais comme l’a démontré Michel Richard dans son ouvrage “La République compassionnelle” il y a quelques années, après cet écoulement de bons sentiments, rien ne change en général. Et j’en prends pour preuve un autre aspect lié à cette question des migrants, celle de Lampedusa. Qui, en France, se penche sur la question (parmi le monde politique j’entends) ? Il n’y a pas de visage connu, exploité par les médias, et donc, cela n’intéresse personne.

En fait, si l’on regarde un peu le monde politique, on a l’impression que les élus nationaux vivent dans une bulle. Qu’ils se coupent des réalités et cherchent à faire des « coups » médiatiques. Qu’ils existent uniquement pour et par les médias… Sauf qu’à jouer sur ce registre, on en arrive bien vite à se décrédibiliser. C’est là où l’exemple, tel qu’il est vécu par le pape François (au hasard), est précieux… Parce qu’à force de courir derrière les bons sentiments en faisant semblant de se rapprocher des gens, à en rester dans la « com », nos élites politiques sont en train de faire le lit des vrais populistes. Alors mesdames et messieurs, un peu d’orgueil (bien placé), un gros soupçon de vérité, et en route, soyez pour nous des « exemples ».


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